"Faux"-t-il un début ?
Que faire quand le Samedi soir commence à avoir le meme gout que le
Dimanche après midi, quand le réveil du Lundi matin se rapproche
inexorablement. La médiathèque se vide, les livres rejoignent les
rayons, la nuit se colle aux vitres comme une robe de couturier sur un
mannequin. Le froid de dehors me soulage les joues après la chaleur un
peu humide de la médiathèque, douillette mais impersonnelle. La ville
grouille de vie et de silence assourdissant. La vie est ponctuelle,
quelques ilots de jeunes glissants sur des planches; le silence est
partout autour, il gagne du terrain alors que la nuit s'assombrit. Le
Monument aux morts, presque enfin rénové accentue la solennité de cette
scène qui se répète toutes les semaines. Les voitures aveuglent avec
leurs phares. Les freins crissent dans l'air qui semble provenir
directement d'un congélateur. Ma rue, dans ces heures-là, ressemble à
la chanson "The Flowers" de Regina Spektor. Beau mais triste, familier
mais étrange, rassurant et dérangeant. La forêt avoisinante dégage une
aura de mystère qui fait frissonner et si on se concentrait un peu, on
entendrait le chant des champs éparpillés aux alentours.
La maison est là. Je traverse, je cherche la clé et renvoie un aboiement ironique au chien des voisins. J'ai pas envie de penser à demain, Lundi, même si j'ai trop peu de cours. Alors je me lève, je vais dans la baignoire, debout, le nez contre la vitre je regarde les lumières de la ville.
Pourquoi on éclaire la ville qu'à Noel ?
Pourquoi pas pour Yom Kippour ou pour Rosh Hashanah ? Ou pour l'Aid El Kebir ? Ou le nouvel an Russe ?
Pourquoi Noel et pas le 19 avril ? Pourquoi que là, seulement maintenant, quand la nuit tombe dès 16h57 ? C'est pour se rassurer dans le monde de la nuit ?